Sans le savoir, nous pouvons vivre un bourdonnement quotidien de diverses petites ou grandes frustrations et contrariétés générant chez nous un chapelet d’émotions et d’attitudes qui nous minent petit à petit… Mais en sommes-nous conscients ? Comment pèse cette “négativité’’, et surtout comment la réduire, l’apaiser… en un mot gérer le stress ?

Tout le monde ‘’va bien’’…

– Comment ça va, aujourd’hui ?

– Bien, et toi ?

– Bien

Voici un exemple de petit discours automatique de deux personnes qui se rencontrent. Question automatique, réponse automatique, tout le monde ‘’va bien’’ ! Mais oui, tout le monde va bien, mais au quotidien, il y a aussi ce paquet de petites contrariétés (cette commande qui n’arrive pas), frustrations (cet embouteillage qui nous bloque), peurs (que va dire untel), anxiétés furtives (vais-je arriver à temps à la crèche) et autres grognes (mais qu’est-ce qu’il me dit, celui-là !) qui nous rongent. Des émotions surgissent, automatiquement, sans que l’on s’en rende compte. Et génèrent chez nous, et chez les autres, des attitudes parfois inappropriées aux circonstances, des ‘’over réactions’’ à des paroles qui ont été dites sans intention négative de la part de l’autre… Etcetera ?

Un schéma répétitif

Nous pouvons tous nous reconnaître dans ces schémas. Mais pouvons-nous reconnaître qu’il y a là matière à souffrance répétée… sans que l’on s’en rende compte ? Pouvons-nous d’ailleurs accepter le mot souffrance ? La portée des mots est importante, et le mot souffrance transporte avec lui toute une série de connotations personnelles, liées à notre expérience de vie, à notre éducation, à qui on est devenu…

Souffrance et souffrance…

Alors, oui, bien sûr, il y a toujours des gens qui souffrent plus que nous ? Des personnes qui traversent les ‘’grandes souffrances de la vie’’ : séparation, perte d’emploi, décès, maladie grave, voire guerre, exil… Oui. Mais à côté de ces grandes souffrances ‘’surgissantes’’ à un moment M de l’existence, il y a toutes ces ‘’petites’’ souffrances qui se répètent au quotidien. Comme un bourdonnement constant. Ces souffrances (angoisses, anxiété, stress) ni petites ni grandes, d’ailleurs, mais surtout invisibles. Pour nous-mêmes surtout, pour les autres parfois. 

Une forme de ”pollution” énergivore !

Ces souffrances invisibles répétitives nous minent. Elles grignotent petit à petit notre énergie, puis elles finissent par faire baisser dangereusement le niveau de notre quota d’énergie prévu pour traverser chaque journée. Elles nous prennent la tête, vampirisent notre esprit, provoquent ces ruminations mentales épuisantes. Elles peuvent arriver un jour à éteindre joie, bonne humeur et élan vital… Cette forme de pollution constante, résiduelle, ce bourdonnement infini sont tout simplement inconfortables à vivre au quotidien, et nous empêchent d’être réellement heureux… Alors, quoi ?

Stop ! ‘’Recognise’’…

Que faire ? Ce que nous propose la pleine conscience : portons notre attention à ce qui se passe, quand ça se passe, sans juger, sans rien faire d’autre. Reconnaître, se dire : ah, oui, là maintenant, je ressens de la frustration parce que ma réunion est annulée, je suis triste parce qu’il ne m’a pas dit bonjour, je stresse parce… je sens que j’ai peur … j’ai un mouvement d’humeur lié à tel événement… 

Facile ? Oui, en théorie, rien de plus facile. Mais il se fait que l’automatisme de ressentir sans le savoir ces frustrations et émotions du quotidien a mis une couche de protection qu’il va falloir percer petit à petit … ou plutôt laisser se craqueler de soi-même, tout simplement… en apprenant à rester pleinement présent à ce qui est là à chaque instant

Être pleinement présent à ce qu’il se passe 

La première étape pour améliorer quelque chose, c’est se rendre compte que ce quelque chose est, existe. Ça semble évident ? Rendons-le vraiment évident. La première étape, c’est de reconnaître ce qu’il se passe : au moment même est l’objectif, mais à posteriori est un bon début. Prendre conscience de la situation, de nos émotions, frustrations, contrariétés, exaspérations. Nommer, pour nous et en nous, ce qui nous traverse : OK, je me sens stressé, j’ai (eu) peur, je suis (j’étais) hors de moi… Et on verra que simplement être présent à ce qu’il se passe (ou s’est passé) va déjà abaisser d’un cran le curseur de la tension. 

Aller quelques pas plus loin pour trouver l’apaisement

Nous avons identifié ce qu’il s’est passé. Bien, maintenant, nous allons ‘’juste’’ accepter que ce soit là, et nous dire que nous ne pouvons pas changer la situation. Accepter que nous n’ayons pas de prise sur les événements extérieurs. Ce n’est pas quelque chose que nous faisons naturellement, mais intégrer cette acceptation de plus en plus dans nos vies, c’est nous offrir une source d’apaisement fondamentale.

Pour aller encore plus loin, nous pouvons ensuite nous interroger sur ces émotions qui nous traversent. Pourquoi sont-elles là ? Que ressentons-nous dans notre corps ? Quelle en est l’ampleur ? … Une étape nécessaire pour enfin nous désidentifier de ces émotions : oui, nous sommes en colère, mais nous ne sommes pas cette colère.

Remplacer un automatisme par un cercle vertueux

Faire tous ces petits pas, petit à petit, peut paraître difficile au début, peu naturel, mais c’est en les expérimentant, en les multipliant, en trébuchant et en recommençant à nouveau que nous remplacerons nos petits automatismes de pensées négatives par un cercle vertueux positif. Et nous irons vers plus de confiance en nous, vers une attitude plus paisible face aux contrariétés de la vie.

Ces étapes font partie de ce que je propose d’expérimenter et de pratiquer dans mes groupes sur la gestion des émotions difficiles. Elles sont inspirées de la méthode RAIN (Recognize – Accept – Investigate – Natural loving awareness) de Michelle Mc Donald, instructrice de Vipassana. Les pratiquer en groupe apporte évidemment une dimension et un ancrage supplémentaires, mais tentez l’expérience déjà chez vous, en vous, et goûtez à un apaisement bienvenu… 

 

Cet article, comme les autres articles publiés sur ce blog, a pour objectif de vous informer sur le fonctionnement ou les bénéfices de la pleine conscience. N’hésitez pas à les parcourir pour en apprendre plus. Toutefois, en matière de pleine conscience, l’expérience est la meilleure porte vers la connaissance. C’est pourquoi je propose régulièrement de petites séances d’informations émaillées d’exercices pratiques. Vous trouverez ici le calendrier des prochaines séances. Au plaisir de vous y rencontrer et d’échanger avec vous.

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