La MBSR (la réduction du stress par la pleine conscience) est souvent étiquetée comme une méthode de développement personnel. Pourtant, la pleine conscience est fondamentalement différente, tant par sa méthode que par ses objectifs et ses effets. Voyons cela en détail.  

La pleine conscience ne vise pas à atteindre un résultat

Je voulais écrire “la pleine conscience n’a pas d’objectif”, mais ce n’est pas tout à fait exact. Elle a un objectif, dans le sens où son but est de nous apprendre à mieux nous connaître, à nous accepter tel(le)s que nous sommes. Mais elle ne cherche pas à corriger quoi que ce soit, à remplacer une attitude par une autre, par exemple une vision du monde négative par une vision plus positive. Elle ne cherche pas non plus à nous “développer” dans telle ou telle direction: décrocher un job, perdre de mauvaises habitudes ou acquérir de bonnes habitudes, améliorer nos “performances” ou notre “assertivité”, mieux “gérer notre temps”, ou quoi que ce soit de similaire. Son principe est au contraire de sortir de cet esclavage du “toujours plus, toujours mieux, et de préférence le plus vite possible”. En effet, penser que nous devons nous “corriger” pour devenir “plus performants” revient à ne pas nous accepter tels que nous sommes. Cela peut générer de l’anxiété, de la résistance, voire une opposition intérieure, et nous rendre malheureux.

La pleine conscience, une approche centrée sur le présent

Plutôt que de chercher à nous corriger ou à atteindre un objectif, la pleine conscience nous propose donc d’apprendre petit à petit à voir la réalité telle qu’elle est, ici et maintenant, sans l’intermédiation du mental. Comme le dit Jon Kabat-Zinn, créateur de l’approche MBSR, “la pleine conscience est un état de conscience qui résulte du fait de porter notre attention, intentionnellement, au moment présent, sans juger, sur l’expérience qui se déploie instant après instant.” Les traditions méditatives emploient une image très parlante: notre esprit est semblable à l’eau d’une flaque ou d’une mare. Dès que le vent, une goutte de pluie ou un caillou vient frapper l’eau, l’onde de choc met l’eau en mouvement et les particules de boue en suspension viennent la troubler. Quoi que nous fassions pour tenter de l’arrêter, cette agitation subsistera. Mais si nous attendons assez longtemps sans rien faire, l’onde de choc s’épuisera d’elle-même, les particules de boue retourneront se déposer sur le fond et l’eau redeviendra claire. De la même manière, un événement ou une émotion déclenche en nous un tourbillon de pensées. Plutôt que d’essayer d’arrêter ce tourbillon, la pleine conscience consiste à observer sans juger ce qui se passe en nous, à nous abstenir d’interférer avec ces pensées et ces émotions qui nous agitent. Simplement à attendre que l’agitation retombe. Comme disait Lao-Tseu, le sage chinois, “pratique le non-faire et tout se mettra en place naturellement”.

Mais alors, pourquoi parle-t-on de “réduction du stress par la pleine conscience”?

La pleine conscience ne cherche donc pas à nous faire atteindre un état particulier. Mais elle produit des résultats: à force d’observer avec lâcher prise et d’accueillir ce qui se passe en nous sans le juger, elle permet de changer naturellement notre relation aux événements, aux pensées, aux émotions et aux sensations qui nous stressent. Simplement, ces résultats découlent de notre choix d’accueillir ce qui se passe en nous plutôt que de chercher à le changer. C’est une approche où nous laissons les solutions émerger d’elles-mêmes.

Une approche en continu

Alors que certaines approches du développement “personnel” s’arrêtent quand l’objectif poursuivi est atteint, la pleine conscience est une autre façon de (se) vivre. La pratique quotidienne devient une habitude, et ses effets se manifestent sur le long terme, même si le chemin relève plutôt du sentier de montagne sinueux que de l’autoroute. Au fil du temps, la méditation de pleine conscience agit sur nous de la même manière que nous pelons un oignon: couche après couche, nous découvrons de nouvelles facettes de nous-mêmes et nous apprenons à mieux vivre en harmonie avec nous-mêmes et les autres.

​​Une pratique tournée vers les autres

Le développement personnel est souvent dirigé vers nous-mêmes. La pleine conscience, au contraire, nous entraîne à développer notre attention et à cultiver des intentions bienveillantes. Elle crée en nous un espace d’écoute, d’ouverture à soi et à l’autre. En nous permettant de nous accommoder à l’expérience telle qu’elle se déploie moment après moment, elle génère un état “d’abondance” intérieure qui rejaillit naturellement sur notre entourage”. Voilà pourquoi nous parlons de “compassion radicale”: il ne s’agit pas de nous laisser absorber par nous-mêmes, mais d’offrir notre compassion à tout ce qui nous entoure. Et cette forme de compassion nous permet alors, par ricochet, de développer une relation plus authentique avec nous-mêmes.

​​Si différentes au final?

En conclusion, la différence essentielle entre le développement personnel et la pleine conscience n’est pas tellement dans les techniques utilisées, mais dans l’intention. Lorsqu’une personne se tourne vers un praticien qualifié pour “résoudre un problème” ou “adopter de bonnes attitudes”, elle a le choix entre chercher à atteindre un résultat ou entamer un parcours où la découverte de soi en cours de route est aussi importante que le résultat atteint. Cette seconde option est l’essence même de la pleine conscience.

Vous avez d’autres questions?

N’hésitez pas à me contacter ou à vous inscrire à une séance d’information. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.

Cet article, comme les autres articles publiés sur ce blog, a pour objectif de vous informer sur le fonctionnement ou les bénéfices de la pleine conscience. N’hésitez pas à les parcourir pour en apprendre plus. Toutefois, en matière de pleine conscience, l’expérience est la meilleure porte vers la connaissance. C’est pourquoi je propose régulièrement de petites séances d’informations émaillées d’exercices pratiques. Vous trouverez ici le calendrier des prochaines séances. Au plaisir de vous y rencontrer et d’échanger avec vous.

Share This