Problème de santé, accident, rupture, licenciement, crise financière, deuil … La vie frappe fort, parfois, et nous bouscule. Comment rebondir, surtout quand ces événements nous laissent épuisés, nous amènent à douter de notre capacité à aller de l’avant ? Comment atteindre cette résilience dont on parle tant ? En imaginant la résilience comme un muscle, que la pleine conscience peut renforcer. La méditation de pleine conscience augmente la résilience au stress comme le démontrent des changements dans des marqueurs biologiques.

La résilience, c’est quoi ?

L’étymologie du mot résilience veut déjà tout dire : le mot vient du latin resilire, rebondir. Le terme est d’abord utilisé par la physique, et désigne la capacité d’un métal à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale après avoir été déformé… Jolie métaphore pour le terme qui est ensuite utilisé en psychologie, où la résilience désigne en effet notre capacité à revivre, à rebondir malgré le fait d’avoir été « tordus » par l’adversité.

C’est Boris Cyrulnik qui a largement répandu et médiatisé le terme résilience avec son livre « Un merveilleux malheur », en 1999. Pour le psychiatre, il y a toujours un événement traumatique comme élément déclencheur de la résilience. Ou un événement vécu en tout cas comme tel, qui va pousser la personne à mettre en place son système de résilience.

À chacun sa résilience ?

« Son » système de résilience ? Oui, il n’y a en effet pas un seul système pour rebondir, un seul mécanisme de défense, un seul moyen de surmonter ce qui nous semble parfois insurmontable… Et certaines personnes ont plus facile que d’autres. Pourquoi ? Aujourd’hui, il n’y a encore aucune réponse claire ni unanime parmi les chercheurs. Certains considèrent la résilience comme faisant partie d’un trait de personnalité, d’autres comme un processus que l’on peut acquérir…  Et si l’on penche vers cette 2e possibilité, comme certains chercheurs tels Richard Davidson (voir plus bas), c’est là que la pleine conscience peut effectivement être aidante.

Rebond, intégration… et pleine conscience

Quand on voit le fonctionnement de la résilience, le lien avec la pleine conscience semble évident. Selon Boris Cyrulnik, la résilience se décompose en 2 temps. Le 1er temps pour vivre, recevoir l’événement traumatique, et y résister. Le 2e temps pour intégrer le choc et réparer. En sachant que réparer ne veut pas dire « effacer » mais « vivre avec » ! Ce qui est le principe même de la pleine conscience ou mindfulness selon son fondateur Jon Kabat-Zin (voir plus bas).

Richard Davidson est professeur de psychologie et de psychiatrie, il est le fondateur et directeur du Center for Healthy Minds de l’Université du Wisconsin à Madison, et il a été aussi l’un des premiers à s’intéresser aux effets de la méditation de pleine conscience sur le cerveau et la santé. Pour lui, la résilience consiste en la capacité à se remettre de l’adversité et à être renforcé par cette expérience. Et pour lui, une telle capacité est étroitement liée au concept bouddhiste de “non-attachement”…

Trauma et pensées en boucles

Selon Richard Davidson, quand on vit un événement de manière traumatique, un stress important, on peut rester impactés par les souvenirs, les émotions, les pensées en lien avec l’événement. On devient entièrement imbibés par l’événement ; son souvenir et les pensées négatives liées au trauma prennent le contrôle : on ressasse en boucles. Et on nourrit le stress.

Stopper les boucles avec la pleine conscience

Comment arrêter ces boucles de pensées négatives ? De nombreuses études ont prouvé l’effet de la mindfulness sur la prise de distance par rapport à ces pensées et donc sur la gestion du stress. Selon Richard Davidson, « des expériences menées sur l’activité cérébrale démontrent que la pleine conscience permet aux zones activées par des événements stressants  (comme l’amygdale) de revenir plus facilement à son niveau d’activité normal »(1).

Ne pas « effacer » mais « vivre avec »

Avec la mindfulness, Jon Kabat-Zin, son fondateur, nous invite à ne plus considérer nos pensées négatives ou « ressassantes » comme une source d’information de facto, elles ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Ces idées sont des idées passagères, elles ne représentent pas la réalité absolue. On ne cherche pas à se débarrasser de ces pensées, mais à simplement être familier avec elles. 

Comment ? En pratiquant encore et encore l’exercice de base proposé par la pleine conscience. Selon Jon Kabat-Zin, porter son attention sur l’activité de notre mental avec un œil observateur permet, petit à petit, de ne plus nous identifier aux pensées négatives… et, in fine, de casser le cercle vicieux du ressassement.

Accueillir pour arriver à « l’accueillience »

Pour atteindre la résilience, la pleine conscience nous propose aussi et tout d’abord d’accueillir ce qui nous arrive, de ne pas chercher là non plus nier ou effacer la situation, l’événement. Accepter, accueillir, ne pas s’arc-bouter sur un refus de ce qui arrive permettra de surfer sur la vague plutôt que de se noyer dans celle-ci (voir article lâcher-prise). Et cet accueil nous mènera aussi à la résilience. Denis Delesalle (2) nous invite, lui à tenter donc d’atteindre cette « accueillience », terme qu’il a créé par contraction des mots accueillir et résilience.

« Notre meilleure arme contre le stress est notre capacité à choisir une pensée plutôt qu’une autre »

William James, psychologue et philosophe (1842-1910)

Notre pouvoir ? Le choix !

En prenant cette distance avec nos pensées quelques minutes chaque jour, en endossant quotidiennement ce rôle d’observateur bienveillant (vis-à-vis de nous-mêmes), non jugeant, on récupère une capacité fondamentale : celle de choisir nos pensées. Selon la professeure en neurosciences Amishi Jha, « cette pratique développe la capacité à décider sur quoi je focalise mon attention. C’est crucial, car cela permet aussi de choisir quel sens et quel niveau de gravité on donne aux événements. Ce n’est pas le mental qui décide à ma place. « C’est grave ce qui m’est arrivé » peut devenir « Ce qui m’est arrivé n’est pas si grave que ça. »Et cette aptitude permet de continuer à fonctionner même si les choses vont mal ». 

Le secret ? Pratiquer, comme un rituel régulier

Évidemment, on n’arrive pas à prendre cette distance, à apaiser nos pensées, les rendre plus positives, d’un coup de baguette magique après avoir médité une seule fois… Si la pleine conscience nous permet à plus fluidement aller vers la résilience, elle est à pratiquer régulièrement (lien vers article). C’est comme un muscle que l’on tonifie ! Au même titre qu’un sport nous offre un corps en pleine santé, capable de résister à des charges parfois lourdes, notre santé mentale et émotionnelle est à entretenir également pour résister aux lourdes charges de l’existence. 

Le programme MBSR, un tremplin vers une pratique régulière 

Mais comment arriver à tout naturellement embrasser cet état d’esprit ? Le cycle de pleine conscience ou programme MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction) (lien vers page) a été conçu pour se lancer. Un cycle de 8 semaines pour permettre de découvrir, apprendre ensemble, pratiquer en groupe, expérimenter encore et encore toute une série d’exercices qui petit à petit, pas à pas, nous mènent à prendre ce recul, pour être mieux préparés face aux aléas de la vie.

  1. « Can mindfulness increase our resilience to stress? » (YouTube)
  2. (1)   « Quand je serai grand je serai moi en mieux », Gilles Serpry, 2015

Pour approfondir le sujet, d’autres articles en lien :

 

Cet article, comme les autres articles publiés sur ce blog, a pour objectif de vous informer sur le fonctionnement ou les bénéfices de la pleine conscience. N’hésitez pas à les parcourir pour en apprendre plus. Toutefois, en matière de pleine conscience, l’expérience est la meilleure porte vers la connaissance. C’est pourquoi je propose régulièrement de petites séances d’informations émaillées d’exercices pratiques. Vous trouverez ici le calendrier des prochaines séances. Au plaisir de vous y rencontrer et d’échanger avec vous.

Olivier De Keyser

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