Un post sur Facebook, un selfie sur Insta, un tweet par-ci, un bravo par-là… quand tous ces tics de connexion aux réseaux sociaux deviennent des tocs, à longueur d’heures, on fait quoi ? On se pose et on réagit. Parce que l’hyper connexion aux réseaux sociaux est comme toutes les addictions : suivie d’effets secondaires négatifs. Faisons le point. Et inversons la tendance avec la pleine conscience ou mindfulness.
Un réseau social, mais quelle belle idée ?
Oui, en fait, l’idée est belle. Mettre à disposition de tout un chacun une plateforme pour rester en lien et créer du lien, c’est génial. Proposer un outil hyper intuitif et facile pour organiser des soirées, des annifs, pour être en contact avec l’oncle d’Amérique ou encore partager des infos, exprimer ses opinions, c’est vertueux. Et puis, ça devient problématique quand il y a de moins en moins ou plus du tout de passage au réel …
Des besoins assouvis par les réseaux sociaux
Les utilisateurs ont en effet découvert les effets réjouissants, voire dopants, des réseaux sociaux. Insta, Facebook, Twitter, Tik Tok, Snapchat sont devenus le Graal qui répond à divers besoins fondamentaux humains : besoin d’appartenir à un groupe social, besoin d’être reconnu par ses pairs, besoin d’exister, besoin de briller, besoin de découvrir… C’est génial, les réseaux sociaux permettent tout ça, en quelques clics, en ne bougeant pas de chez soi et, pour beaucoup, en ne montrant pas le vrai chez-soi ! L’e-réputation est devenue le must absolu à atteindre. Nos besoins narcissiques ont trouvé un moyen d’être satisfaits.
Quand l’addiction aux réseaux se met en route
Selon le Dr Judson Brewer*, psychiatre à l’université de Brown, l’addiction, ou désir obsessionnel ou craving, vient essentiellement d’un de nos processus primitifs : l’apprentissage basé sur la récompense, appelé le « conditionnement opérant » *. On a un désir, on déclenche une action visant la satisfaction de ce besoin, et si on réussit, on a trouvé une récompense. Le cerveau enregistre ensuite cette précieuse relation de cause à effet.
Un mécanisme bien connu de « système de récompense »
C’est pareil avec les réseaux sociaux ! Nos premiers posts ont généré des premiers likes ou commentaires : joie ! Sentiment positif, valorisant. Qui va en demander d’autres… D’autres posts, réactions, photos, pour avoir encore plus de « récompenses » : la valorisation de nos pairs, la sensation d’exister, la joie de briller, le bonheur d’être félicité pour nos succès. La récompense devient narcissique. Et puis, quand nous irons moins bien, nous chercherons un réconfort en actionnant ce système de récompenses et en allant sur les réseaux. Le processus de boucle s’est enclenché. Mais très vite, nous aurons l’impression de manquer…
Quand la désillusion fait irruption
Un jour, nous aurons moins de likes, nous découvrons une fête à laquelle nous n’avons pas été conviés, nous voyons chaque heure de multiples exemples d’herbe tellement plus verte chez nos voisins. Mais aussi, sans nous en rendre compte, nous prenons des doses phénoménales d’infos, voire d’intox ! Une actualité toujours plus sensationnaliste, pour toujours plus nous accrocher, nous rendre avides de savoir… à quel point ne va pas le monde ?
Quand l’angoisse et l’anxiété remplacent la récompense
Et la bascule s’est opérée. Ce qui, au départ, nous faisait du bien finit par nous angoisser. Nous voilà pétris d’anxiété devant des infos toujours plus angoissantes comme devant le manque de likes ou de commentaires et la solitude que nous renvoie cette course à la valorisation derrière l’écran. Du coup, quoi ? Nous cherchons à apaiser ce stress, cette anxiété… en allant chercher la récompense première enregistrée par notre cerveau et en surfant encore plus compulsivement sur lesdits réseaux. Le cercle vicieux commence à tourner. La dépression peut même apparaître : selon certaines études, il y a une corrélation entre le temps passé sur les réseaux sociaux et l’augmentation de la dépression.
Les autres effets négatifs de l’addiction aux réseaux sociaux
Mais en dehors de l’angoisse et de l’anxiété, cette addiction aux réseaux sociaux nous fait avant tout perdre un temps incroyable, un temps que l’on pourrait utiliser pour vivre de belles expériences, « en vrai », dans le présent. Elle met aussi à mal notre attention : à force d’avoir les yeux interpellés par les notifications, à force d’avoir notre esprit tendu vers le besoin compulsif de “récompenses”, il nous arrive d’écouter sans écouter, d’être là sans être là, d’interrompre notre travail, nos tâches, nos moments de détente… Nous manquons de pleine présence dans le monde réel et cela peut avoir des répercussions sur notre vie de couple, de famille, notre vie professionnelle et sociale.
Que ‘’faire’’ ?
S’en rendre compte. Et s’en libérer ensuite ! Faire d’abord le point et répondre à ces questions toutes simples : « combien de réseaux sociaux j’utilise ? », « combien d’heures par jour suis-je sur les réseaux sociaux ? », « suis-je angoissé-e, stressé-e actuellement ? », « est-ce que j’ai des activités hors écran ?» …
La pleine conscience comme levier pour s’en libérer
Et pour réduire notre envie compulsive de balayer nos écrans et nous connecter aux réseaux, pour nous libérer de ce qui est devenu une sorte d’entrave, la mindfulness peut nous aider. Prendre conscience d’être pris dans une boucle d’habitudes, explorer les résultats/récompenses, pour enfin sortir de cette boucle d’habitudes : le Dr Judson Brewer propose 3 étapes ancrées dans la pleine conscience pour nous libérer de ce désir compulsif de consulter les réseaux sociaux.
Comment ? Suite au prochain épisode : conseils pratiques dans le 2e article sur le sujet « Accro aux réseaux sociaux : comment s’en libérer ? »…
* Concept du behaviorisme initié par Edward Thorndike et développé par Burrhus Frederic Skinner au milieu du XX e siècle.
* « Le craving », de Judson Brewer, édition Les Arènes
Pour approfondir le sujet, d’autres articles en lien :
- Addiction aux réseaux sociaux : comment s’en libérer ?
- Que faire quand l’angoisse ou l’anxiété s’invite dans nos vies ?
- A simple way to break a bad habit (Ted avec Judson Brewer)
- La méditation de pleine conscience, c’est quoi
Cet article, comme les autres articles publiés sur ce blog, a pour objectif de vous informer sur le fonctionnement ou les bénéfices de la pleine conscience. N’hésitez pas à les parcourir pour en apprendre plus. Toutefois, en matière de pleine conscience, l’expérience est la meilleure porte vers la connaissance. C’est pourquoi je propose régulièrement de petites séances d’informations émaillées d’exercices pratiques. Vous trouverez ici le calendrier des prochaines séances. Au plaisir de vous y rencontrer et d’échanger avec vous.
Olivier De Keyser
Commentaires récents